Pourquoi en parler ?
Les traitements contre le cancer, bien qu’indispensables, peuvent entraîner des effets secondaires au niveau de la peau, des ongles et des muqueuses. Ces manifestations, appelées toxicités cutanées, sont fréquentes. Elles peuvent apparaître dès les premières semaines de traitement et, bien que le plus souvent bénignes, altèrent parfoisle confort, l’image de soi, et la qualité de vie. Dans certains cas, elles peuvent nécessiter une adaptation du traitement.
Anticiper ces effets, les reconnaître et les signaler rapidement à l’équipe soignante permet de mieux les gérer et d’éviter leur aggravation.
Quels traitements sont concernés ?
Plusieurs types de traitements anticancéreux peuvent provoquer des effets cutanés :
- Chimiothérapies classiques (ex. taxanes, capécitabine, anthracyclines)
- Thérapies ciblées, en particulier les anti‐EGFR, anti‐VEGFR, inhibiteurs de tyrosine kinase
- Immunothérapies (anti‐PD‐1, anti‐PD‐L1, anti‐CTLA‐4)
- Radiothérapie, notamment sur des zones sensibles de la peau
Quels sont les effets observés ?
Peau
Éruptions cutanées : rougeurs, boutons (souvent d’aspect acnéiforme), plaques inflammatoires
Sécheresse cutanée (xérose) : peau rugueuse, fissures, démangeaisons
Syndrome main‐pied : rougeurs, sensations de brûlure, gonflements, crevasses sur les paumes et les plantes
Réactions plus rares : eczéma, psoriasis, vitiligo, ou réactions sévères de type bulles ou décollement cutané (urgence médicale)
Ongles
Fragilité, décollement, douleurs (paronychies)
Coloration anormale ou stries
Infections autour des ongles
Cheveux
Chute de cheveux (alopécie), totale ou partielle selon les molécules utilisées
Modifications de la texture à la repousse
Muqueuses
Irritations buccales, aphtes, douleurs ou sensations de brûlure
Sécheresse ou inflammation des muqueuses génitales ou anales
Pourquoi ces effets sont‐ils importants à prendre en charge ?
Ces effets peuvent avoir un retentissement physique (douleur, inconfort, démangeaisons) et peuvent entraîner un impact psychologique : perte de confiance, gêne sociale, altération de l’image corporelle.
Dans certains cas, la toxicité peut nécessiter une réduction ou un arrêt temporaire du traitement. Une prise en charge précoce permet de limiter ces effets et de maintenir le protocole thérapeutique.
Quelles solutions peuvent être proposées ?
Mesures de prévention
Appliquer une crème hydratante neutre (sans parfum ni alcool) matin et soir dès le début des traitements
Utiliser un savon doux, éviter les bains chauds prolongés
Porter des vêtements amples, doux, non irritants
Se protéger du soleil (vêtements couvrants, crème solaire indice 50+)
Prendre soin de ses ongles : éviter les manucures/pédicures agressives, limer régulièrement,
porter des gants pour les tâches ménagères
Prise en charge somatique
Crèmes émollientes pour la sécheresse cutanée
Corticoïdes locaux pour les rougeurs ou inflammations
Antihistaminiques pour les démangeaisons
Antibiotiques locaux ou oraux en cas de surinfection, notamment des boutons ou des paronychies
Soins adaptés des ongles et du cuir chevelu
Accompagnement par un∙e dermatologue, si nécessaire
Quand consulter ?
Il est nécessaires de consulter votre spécialiste dans le cas suivant :
- Si les rougeurs s’étendent, deviennent douloureuses ou gênantes
- Si des lésions apparaissent autour des ongles, ou s’il y a un écoulement
- Si vous ressentez une démangeaison importante, une sensation de brûlure
- Si vous observez des cloques, un décollement de la peau ou une fièvre associée
- Si les effets cutanés ont un impact important sur le moral ou la vie quotidienne
En résumé
Les toxicités cutanées sont fréquentes au cours des traitements contre le cancer. Elles peuvent toucher la peau, les ongles, les cheveux et les muqueuses et sont souvent bénignes, mais parfois gênantes ou douloureuses.
Une prise en charge précoce permet d’éviter l’aggravation et de maintenir le traitement. Votre équipe soignante est là pour vous informer, vous soulager et vous accompagner.