À l’occasion d’Octobre Rose, nous mettons en lumière une belle initiative de partenariat patient dans le service d’oncologie : la présence de Fabienne, pair-aidante, chaque lundi auprès des patients depuis le mois de janvier 2025. Pour en parler, Sonia Pascoa, cadre de santé en oncologie, et Fabienne Fouineau ont accepté de répondre à nos questions.

Pouvez-vous nous présenter ce projet de pair-aidance ?

Sonia Pascoa :

À CALIPSSO, nous accompagnons les patients dans toutes les dimensions de leur parcours, au-delà des traitements. L’arrivée d’une pair-aidante s’inscrit dans cette démarche : offrir aux patients un soutien humain, par quelqu’un qui a traversé la même épreuve et comprend de l’intérieur leurs doutes, leurs peurs et leurs besoins. C’est une parole de vécu, complémentaire à celle des soignants, qui enrichit notre approche des soins de support.

Comment s’est déroulée l’arrivée de Fabienne au sein de l’équipe ?

Sonia Pascoa :

Son intégration s’est faite avec simplicité et bienveillance. Nous avons pris le temps de présenter son rôle à l’équipe, de définir ses temps de présence et ses modalités d’intervention. Très vite, Fabienne a trouvé sa place : elle est reconnue comme une collègue à part entière, et contribue à la cohésion et à l’esprit d’équipe.

Fabienne, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager dans cette aventure ?

Fabienne Fouineau :

C’est mon oncologue, le Dr Charlotte Joly, qui m’a proposé cette mission. J’ai accepté avec enthousiasme, d’abord pour remercier tous ceux qui m’ont soutenue : le Dr Joly qui m’a redonné confiance, le Dr Romain Bosc qui m’a aidée à retrouver ma féminité, et les infirmières de l’hôpital de jour toujours si bienveillantes. Ils m’ont redonné goût à la vie, et pouvoir à mon tour aider d’autres patients est une belle façon de leur rendre hommage.

Comment les patients accueillent-ils votre présence ?

Fabienne Fouineau :

Très bien. Beaucoup apprécient de pouvoir parler librement avec quelqu’un qui est passé par les mêmes étapes. Cela leur permet d’évoquer leurs peurs, leurs émotions, sans tabou. Certains se laissent enfin aller à pleurer, et repartent soulagés. Ils me disent souvent : « Ça fait du bien de parler à quelqu’un qui comprend vraiment. »

Et du côté de l’équipe soignante ?

Sonia Pascoa :

C’est une véritable richesse. La pair-aidance nous aide à mieux comprendre ce que vivent les patients au-delà de l’aspect médical : la fatigue, la culpabilité, la peur de ne pas être à la hauteur. Elle a aussi fait évoluer nos pratiques et renforcé notre cohérence d’équipe. C’est une collaboration précieuse, humaine et inspirante.

Avez-vous rencontré des difficultés au démarrage ?

Sonia Pascoa :

Comme tout projet innovant, il a fallu ajuster. Définir les limites du rôle, éviter la surcharge émotionnelle, ou encore élargir l’intervention à la radiothérapie. Nous avons mis en place des temps d’échange réguliers avec Fabienne pour accompagner sa mission et partager les situations vécues. Ces moments de réflexion commune ont consolidé la confiance mutuelle.

Après huit mois, quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Sonia Pascoa :

Le bilan est très positif. Depuis janvier 2025, Fabienne accompagne régulièrement 29 patients et a mené avec eux 145 entretiens de suivi. La pair-aidance s’est naturellement intégrée à la dynamique de CALIPSSO et renforce notre identité : une plateforme tournée vers le lien, la co-construction et le sens du soin. Les patients y trouvent un soutien authentique, et les soignants une nouvelle source d’inspiration. C’est une expérience qui donne envie d’aller plus loin.

Fabienne, un souvenir marquant ?

Fabienne Fouineau :

Le nombre croissant de malades, et surtout de plus en plus jeunes, m’a profondément touchée. Cela me rappelle combien il est important d’être là, à l’écoute, pour redonner espoir et courage.

Quel message aimeriez-vous adresser aux patients qui hésitent à devenir partenaires ?

Fabienne Fouineau :

Osez ! Cette expérience vous fera grandir. Les soignants ont besoin de vous, comme vous avez eu besoin d’eux. Ensemble, on avance plus fort.

Et vous, Sonia, un mot pour les services qui souhaiteraient se lancer ?

Sonia Pascoa :

Il faut oser, justement. La pair-aidance bouscule parfois nos repères, mais elle enrichit profondément notre pratique. En posant un cadre clair et une intention commune, on construit une véritable alliance autour du soin. C’est une aventure humaine qui redonne du souffle au travail d’équipe.

Vous avez un projet de Partenariat Patient dans votre service ?
Contactez la cellule Parten’Aire du GHU Henri-Mondor :
Stéphanie Lombard : stephanie.lombard@aphp.fr

Département Expérience patient
AP-HP Hôpitaux Universitaires Henri-Mondor
Institut Universitaire du Cancer Henri-Mondor